Joyeux Noël et Bonne Année 2015 !!
Il est né le Divin enfant, moment de grande joie que nous avons pu célébrer comme il se doit le 25 décembre avec les enfants, les sœurs et un couple d’amis arrivés de France en vélo! Messe, table de fête, chants de Noël, crèche magnifique bien que ce ne soit pas une tradition en Arménie, danses arméniennes, carnaval avec la grande famille de Notre Dame D'Arménie ( les personnes âgées de la maison de retraite, les élèves du lycée professionnel, les enfants du centre et l’ensemble du personnel et leurs familles) où Alex et moi avons déployé des talents de Père et Mère Noël encore insoupçonnés, tout était réunis pour que nous savourions notre bonheur d’être ici. Un bonheur par ailleurs exacerbé par le compte à rebours qui est bien enclenché (nous sommes à J-9 du départ en france !!! on a du mal à le croire) …..
Mais vous parler de notre Noël au centre, ne serait pas rendre compte justement de la manière dont les arméniens vont le fêter. Je dis “vont” car Noël se fête traditionnellement le 6 janvier chez les arméniens, ceux-ci appartenant majoritairement à l’église dite “Apostolique” (pour plus de renseignement : http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_apostolique_arm%C3%A9nienne).
Si Noël reste une grande célébration dans ce pays à la tradition chrétienne bien ancrée, elle a pourtant été détrônée par une autre fête qui n’a rien de religieux…le Nouvel An. Un changement amorcé sous l’ère soviétique, le régime cherchant à remplacer et détruire les fêtes religieuses en magnifiant les fêtes païennes à grand renfort de spectacles, de feux d’artifices incroyables et d’opulence.
Le 31 décembre est devenu le point d’orgue de l’année, moment qu’il faut fêter jusqu’à l’excès, même si cela doit conduire la famille au bord du gouffre financier.
Durant une semaine, les tables arméniennes se remplissent de mets et de boissons délicates, car pendant plusieurs jours il faudra accueillir un va-et-vient incessant d’amis, de familles et de voisins. Il est rare en Arménie de voir les rues pleines de monde et cette semaine fait donc exception. Dans les familles, depuis quelques semaines déjà, la pression montait : c’est à qui offrira la plus belle des tables avec le petit plus qui fait la différence. A Erevan, la dernière mode serait au crocodile cuit et exposé entier sur la table… prix 2000€ (pour rappel, le salaire moyen est de 130€)
Cela peut donc paraître incroyable mais les familles vendent des meubles, des tapis ou bien font des emprunts à la consommation (taux à 20% )pour honorer cette fête. Les témoignages recueillis sont parfois déroutant. La pression sociale est telle que certains prétextent un voyage en Géorgie pour ne pas avoir à s’endetter, mais il ne viendrait à l’idée de personne de dire qu’ils ne peuvent simplement pas se permettre cela … nous constatons que les mentalités sont encore très verrouillées.
Nous sommes un peu interdits devant ce spectacle d’autant plus incompréhensible dans un pays à la pauvreté galopante. Voici donc un exemple de l’héritage du communisme, vivre dans le présent, ne pas penser à demain ni aux conséquences. Car il faudra pourtant bien se serrer la ceinture le reste de l’année.
La semaine de fête s’achève donc avec Noël le 6 janvier. Certains iront faire un passage à la messe en ramenant chez eux la lumière de Noël, pour signifier la joie de la naissance du Sauveur. La tradition veut en effet que l’on quitte l’église le jour de Noël avec une bougie que l’on ne doit pas éteindre avant d’arriver chez soi….pas toujours facile à réaliser mais le symbole est beau et rend toujours heureux les petits et les grands. Un simplicité qui tout d’un coup fait du bien !